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Pigeons France - SNC

Moulins 2019 : Cauchois

L’élevage de la Tourterelle rieuse

Texte et photos : Alain Debord

Il m’est apparu utile de revenir sur la façon d’héberger un couple de tourterelles, c’est un sujet important à rappeler quel que soit le degré de connaissances de nos adhérents. Nos effectifs connaissent en effet une rotation importante. Loin de nous démotiver,  cette rotation est à considérer comme une forme de réussite de notre mission. Ceux qui nous quittent ont acquis suffisamment de connaissances pour “voler de leurs propres ailes”.

Certains,  après un temps passé avec nous choisissent d’exercer leurs talents ailleurs. Serions- nous bien avisés de leur en faire grief ? Je choisis de considérer cette situation de manière résolument optimiste, considérant même que ceux qui sont passés autre chose sont peut-être encore nos meilleurs ambassadeurs. S’il est relativement facile d’appréhender les raisons qui font qu’un éleveur se tourne à un moment vers nous, il est plus difficile et sans doute un peu vain de vouloir savoir pourquoi il choisit de prendre ses distances.

L’essentiel n’est-il pas que la passion transmise donne
envie au plus grand nombre d’aller au-delà des acquis pour prolonger et faire
évoluer les connaissances.

Je vous prie de m’excuser pour cette longue introduction. A
la relecture cependant, il me paraît intéressant de vous donner une explication
au cheminement de ma démarche. Alors pourquoi ne pas vous la faire partager ?

Quand j’ai décidé de traiter à nouveau cette question de base de l’installation d’un couple de tourterelles, j’ai d’abord été tenté de reprendre ce que j’avais déjà écrit sur le sujet. Maintenant, il me paraît évident qu’il ne faut pas le faire. Pourquoi ? Tout simplement parce que je m’adresse pour une grande part à un public nouveau qui mérite autre chose qu’un texte déjà vu. S’agissant des anciens, l’erreur serait encore plus grande. Quel plaisir auraient-ils à relire un texte qu’ils ont déjà en leur possession ? N’ai‑je pas moi-même apporté au fil du temps, après plusieurs décennies d’élevage, quelques ajustements à ma conception de la cage de reproduction et à son aménagement ?

Si vous le voulez bien, je vais d’abord vous indiquer les
erreurs à éviter. Celle la plus souvent commise consiste à se procurer une cage
dans le commerce. C’est une démarche très facile qui paraît évidente et surtout
la plus rapide. Elle a pourtant des conséquences assez terribles parce qu’elle
porte en elle le germe de l’échec et de la future déception.

Chaque fois que j’ai l’occasion de visiter une jardinerie
dotée d’un rayon animalerie, je me dirige volontiers vers le rayon du matériel
d’élevage.

 

 

Cage du commerce 1. Dimensions L 75, l 38, H 35

De même, je me rends régulièrement sur Internet en quête de
l’objet qui pourrait servir d’habitat à notre tourterelle. La perle rare est-elle
arrivée ? Malheureusement à ce jour, je n’ai encore rien trouvé
qui soit adapté à un couple de tourterelles
rieuses en situation d’élevage. Alors quels sont donc les défauts
rédhibitoires de ces cages ? Ils sont nombreux et tiennent pour l’essentiel
aux lois du commerce. Quelles sont les motivations d’un fabricant de cages ?
Fabriquer de belles cages pour que les oiseaux se sentent bien, c’est-à-dire
adaptées à  leur taille, leurs mœurs,
leurs besoins ? Combien de modèles faudrait-il alors pour répondre à un
marché aussi précis ? Comment les fabriquer, les stocker, les
distribuer ? La standardisation est passée par là depuis longtemps. Les
cages sont fabriquées pour être vendues en grand nombre. Elles doivent d’abord
être belles et plaire à ceux qui les achètent. Plus que tout, il faut qu’elles
puissent être enlevées facilement du magasin et acheminées sans difficultés par
leurs destinataires, y compris  quand ils
ne disposent pas de voiture. Ces considérations sont bien éloignées du confort
de leurs pensionnaires… Si à l’usage, elles se révèlent inadaptées, quel est le
problème pour les concepteurs et les distributeurs de ces cages ?

 

 

Cage du commerce 2. Dimensions L 82, l 52, H 90

L’apprenti éleveur déçu risque de faire un mauvais
diagnostic et d’acheter une seconde cage, voire même une troisième en estimant
la cage trop petite, trop étroite, trop haute, trop ronde, trop carrée et que
sais-je encore ?

Pour se persuader de ce que je dis, il suffit de parcourir les brocantes. Combien de cages inadaptées à toute forme d’élevage y découvre-t-on ?

J'en ai assez d'être prise pour un canari.

 

 

J’en ai assez d’être prise pour un canari.

Vous l’avez compris, la principale difficulté que pose notre
cage d’élevage pour tourterelles est étroitement liée à la taille de notre
favorite. Avec ses 25 à 27 cm de longueur,
notre tourterelle n’est pas un canari. Par ailleurs, elle n’est pas vraiment
faite pour être détenue à l’intérieur dans un salon. Elle y génèrera beaucoup
trop de poussière et de plumes pour y être installée à demeure. Une véranda,
une dépendance ou même un sous-sol pourront en revanche se révéler des endroits
parfaitement adaptés sous réserve que la lumière naturelle, voire artificielle y
soit largement dispensée. Quelle que soit
l’option choisie, à l’intérieur ou à l’extérieur, la cage doit avoir des
dimensions permettant aux 2 tourterelles de vaquer confortablement à leurs
occupations d’éleveuses.

Les tourterelles n’occuperont cette cage que pendant la
période consacrée à l’élevage. Elles peuvent par la suite être détenues en nombre
plus ou moins grand en volières. La volière n’est pas l’endroit où les
tourterelles doivent se reproduire. Il faut bannir de cet endroit tout nid ou
autre recoin où les tourterelles seraient tentées de pondre. Les inciter à se
reproduire dans ces conditions est absolument contraire à leurs mœurs. La tourterelle
rieuse, tout comme sa cousine turque a une logique de territoire. Elle ne
tolère ses congénères qu’en période de repos. Il faut donc éviter de les
détenir en volière en trop grand nombre et éventuellement mettre en quarantaine
les mâles trop sourcilleux sur la notion de territoire et d’espace personnel.

 

 

Pour 2, c’est génial

 

 

Mais il faut être à l’aise aussi à quatre …

Revenons à notre cage d’élevage. Elle doit réunir toutes les
conditions pour permettre à ses pensionnaires de mener à bien une ou plusieurs
couvées successives. De plus, plusieurs couples pourront l’occuper à tour de
rôle. C’est sa fonction et il est important qu’elle soit conçue dans cette
optique. Si elle est fabriquée dès le départ pour être placée à l’extérieur, concrètement
si elle est pourvue d’un toit, elle pourra aussi bien être installée dehors
que  trouver sa place à l’intérieur dans
un local abrité et ainsi permettre la reproduction de nos favorites y compris
pendant la saison froide. Si elle est conçue pour l’intérieur et installée dans
un endroit par définition abrité, elle permettra la reproduction des
tourterelles en toute saison. Un couple peut très bien se reproduire toute une
année sans véritable interruption. Par contre, dès l’année suivante, son rythme
a des risques de s’affaiblir. Je recommande de ne pas faire assurer plus de 6
couvées successives. Le couple ayant assuré ses 6 couvées vous aura déjà donné
un nombre important de sujets parmi lesquels vous pourrez choisir ceux qui vous
représenteront en exposition. Vous pouvez également vous limiter à 2 couvées si
vous disposez de reproducteurs déjà bien sélectionnés et faire se succéder
plusieurs couples de variétés différentes dans la même cage. Vous avez
maintenant compris qu’il n’est pas indispensable de disposer d’un grand nombre
de cages pour obtenir un nombre important de sujets dans différentes variétés.
Il faut simplement disposer de plusieurs couples dans des coloris bien fixés ou
des sujets mâles et femelles dans des coloris différents mais il vous faudra
alors avoir des notions de génétique pour procéder à vos accouplements de
manière judicieuse pour maîtriser leurs résultats.

 

 

La cohabitation en volière, c’est possible mais sans les gosses !

Les sujets en attente de mise en reproduction peuvent cohabiter, à condition de disposer d’un espace suffisant. Les perchoirs doivent être nombreux. La volière de repos doit être la résidence de vacances de vos tourterelles.

C’est là qu’elles passeront le plus clair de leur temps. Vous pourrez leur mettre régulièrement à disposition une baignoire avec de l’eau et du vinaigre blanc permettant de se passer d’insecticide. La taille de la cage de reproduction, la nécessité d’avoir en permanence un sol le plus sec et le plus propre possibles interdisent la présence d’une baignoire.

En période de repos, vous pourrez également revoir leur
alimentation. Le fait de ne plus avoir à générer des pontes ou à produire du
lait de jabot doit conduire à la mise à disposition d’une nourriture moins
riche. Entretenir des tourterelles qui sont au repos pour une période plus ou
moins longue ne doit pas vous conduire à une forme de culpabilité au regard de
ce que vous pourriez considérer comme une forme de gaspillage. Vous pourriez
vous dire : à quoi bon nourrir des tourterelles qui ne font rien ?
Gardez toujours en mémoire qu’il est nécessaire qu’elles se reposent ;
dans la nature, tout comme leurs proches cousines turques, elles n’assureraient
pas plus de 4 couvées par an. Détenir plusieurs couples en réserve vous permet
d’avoir une plus grande diversité de jeunes sujets produits et à exposer. Le
caractère particulièrement calme de la tourterelle, sa proximité naturelle avec
l’éleveur,  sa rapidité de reproduction
et ses nombreuses variétés en font un oiseau unique. Pour l’apprécier à sa
juste valeur,  il est indispensable
d’appréhender son élevage dans sa globalité. Détenir des sujets adultes au
repos dans un espace adapté fait partie de ce qu’il faut savoir accepter.

Passons maintenant à la conception de la cage. Une cage doit être avant tout pratique et facile à maintenir propre. Pratique, elle doit l’être pour vous mais aussi pour vos pensionnaires. Facile à entretenir, cela vous concerne davantage mais vos tourterelles risquent d’en supporter les conséquences, qu’elles soient  positives ou négatives. Alors autant faire en sorte d’intégrer largement ce paramètre. S’il est inutile qu’elle soit très sophistiquée, ne renoncez cependant pas à toute créativité. La créativité fait déjà plus ou moins partie du bagage de tout éleveur. Un univers esthétique ne nuit en rien au plaisir d’élever, bien au contraire. Les visiteurs que vous recevrez seront sans doute au moins aussi sensibles à la qualité de vos installations qu’à celle de vos pensionnaires.

 

 

La taille de ces anciens clapiers recyclés constituent un habitat de choix pour les tourterelles, qu’elles soient en couple avec un nid ou à plusieurs sans nid

 

 

Les claustras verts latéraux et frontaux de cette cage pour l’extérieur proviennent d’un ancien égouttoir à vaisselle, on appelle cela du développement durable…  

En tout cas, de belles installations ne peuvent que les
mettre en valeur. Voici les dimensions en dessous desquelles il ne faut pas
descendre sous peine de cumuler plusieurs inconvénients à la fois pour vous et
pour vos tourterelles.

Ne perdez pas de vue qu’outre le couple de tourterelles que vous installez, la cage va accueillir un nid et une mangeoire aux dimensions non négligeables. L’abreuvoir, comme nous le verrons après, trouvera plutôt sa place à l’extérieur avec une sortie dans la cage à l’encombrement très limité. Enfin, pensez aux jeunes sujets qui vont séjourner dans la cage jusqu’à leur sevrage. Une cage adaptée aura une largeur minimale de 70 cm, une hauteur également de 70 cm, sa profondeur ne devra pas être inférieure à 60 cm.

Un seul perchoir rond de 2 cm de diamètre positionné dans le sens de la
largeur et au milieu de la cage suffit. Pourquoi un seul ? Pourquoi le
situer au milieu de la cage et pas ailleurs ?

 

 

Cage extérieure pourvue d’un toit

Un seul parce qu’il faut limiter l’encombrement de la cage et permettre aux tourterelles de prendre de l’exercice.

 

 

Cage intérieure dépourvue de toit

Voleter depuis le sol jusqu’au barreau n’est bien sûr pas un exercice suffisant. Très souvent, la tourterelle qui se pose éprouve le besoin de se livrer dans la foulée à des battements d’ailes répétés pendant lesquels elle décolle à peine du barreau. Cet exercice peut parfois durer plusieurs secondes. Le fait que le barreau soit en position centrale lui permet de déployer ses ailes à fond sans risquer de heurter le moindre obstacle. L’autre raison de ce positionnement central est dictée par des considérations liées à la propreté. Rien ne doit être placé sous le barreau sur lequel la tourterelle va passer la quasi-totalité de son temps de repos quand elle ne sera pas occupée à couver, à se nourrir ou à s’occuper de ses jeunes. Ses déjections ne manqueraient pas alors de salir tout ce que vous pourriez poser au-dessous du barreau. Le nid et la mangeoire doivent être placés aux 2 angles au fond de la cage. Ils sont ainsi suffisamment éloignés du perchoir. Il est inutile de placer le nid en hauteur. Sa présence serait alors un obstacle à l’exercice dont on vient de parler.

Pour la mangeoire, j’ai adopté depuis longtemps un récipient conçu au
départ pour la mise à disposition du grit des pigeons. J’ai choisi le
modèle en PVC de couleur grise constitué d’une coupelle sur laquelle
vient s’emboiter une sorte de chapeau conique pourvu de 5 ouvertures
périphériques. Il peut contenir 2 litres de graines et assurer ainsi une
autonomie supérieure à une semaine à un couple et ses deux jeunes. Sa
largeur est de 19 cm et sa hauteur de 22 cm.

Pour le nid, c’est une coupelle en terre cuite qui a mes
faveurs. Il est possible de se procurer cette coupelle en jardinerie car sa
vocation première est d’accueillir des bulbes de fleurs printanières comme les
jonquilles ou les jacinthes. Les dimensions idéales pour cette reconversion
particulière sont une largeur de 20 cm et une hauteur de 10 cm.

 

 

Le fait de placer la mangeoire et le nid tout au fond de la cage dans chacun des angles dégage un maximum de place à l’avant pour les tourterelles. Positionnés là, ces 2 éléments sont à l’abri des déjections.

 

 

Coupelles en terre cuite pour plantes à bulbes

Les avantages de ce nid sont nombreux. Il peut être posé à
même le sol de la cage et son poids le met à l’abri des retournements intempestifs
même si les 2 tourterelles choisissent de se poser sur le rebord en même temps
et du même côté. Sa forme arrondie permet de le remplir de paille bien tassée.
La mise en œuvre de cette dernière obéit à un protocole particulier pour cet
usage. Tout d’abord, elle doit être broyée ou déchiquetée ou encore coupée
finement aux ciseaux, faute de quoi vous ne pourrez pas la tasser correctement.
Vous trouverez dans le commerce de la paille préparée, conditionnée en sachets
de contenances variées, destinée à la litière des rongeurs comme les cobayes ou
les lapins. Vous pourrez l’utiliser en l’état car elle a déjà été transformée.
Pour la tasser, il suffit d’emboiter une 2ème coupelle sur la
première et d’appuyer fortement.

 

 

Paille déchiquetée du commerce

Pourquoi faut-il tasser la paille ? Tout simplement
parce que les tourterelles de par leur poids et la conformation de leurs pattes
n’ont pas la possibilité d’effectuer ce travail elles-mêmes. Qu’arrive-t-il
lorsque la paille n’est pas préalablement tassée ? A chaque fois qu’une
tourterelle se pose dans le nid, la paille en surface vole par-dessus bord. Ce
premier mouvement vers l’extérieur est suivi d’un autre occasionné cette fois
par les pattes quand la tourterelle quitte le nid. Les œufs seront ensuite pondus
dans la paille toujours meuble et glisseront au-dessous des brindilles où ils
ne seront naturellement pas couvés. Autre possibilité, ils se retrouveront
directement en contact avec le nid et cette fois, c’est l’omelette qui sera au
rendez-vous.

 

 

 Paille non tassée 

 

 

Il suffit de presser fortement

 

 

 Paille bien tassée 

 

 

les œufs resteront en surface

 

 

Les outils pour le nettoyage du nid

La consistance inaltérable de ce nid a en outre l’avantage de permettre un nettoyage ciblé en fonction du résultat souhaité. A l’aide d’une spatule triangulaire du type spatule à enduire, il est possible de détacher les fientes produites par les oisillons qui ont tendance à bien s’accrocher à la périphérie du nid, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Après ce nettoyage sommaire, il suffit de remettre de la paille propre « bien tassée ». Il est alors possible d’y remettre les oisillons s’ils ne sont pas encore sevrés ou d’attendre la ponte prochaine. Pour un nettoyage approfondi, il est préférable de mettre le nid à tremper dans de l’eau pendant quelques heures. Pour sa désinfection, il suffit de le sécher ensuite avec la flamme d’une lampe à souder et le tour est joué. Je déconseille fortement le foin en remplacement de la paille. Même s’il est plus facile à tasser, même si son odeur est attrayante, il présente l’inconvénient de fermenter au contact de l’eau ce qui ne manque pas d’occasionner la prolifération des microbes et des champignons en période de temps humide. Les copeaux sont également à proscrire. Ils sont ou trop durs ou trop volatiles pour cet usage. Il m’est arrivé d’utiliser la hampe séchée des feuilles d’acacias ou les débris secs des feuilles des thuyas mais une année j’ai eu la désagréable surprise de constater la présence de tiques sur mes tourterelles. Sans certitude absolue sur leur provenance, j’ai néanmoins décidé de bannir cette sorte de litière pour les nids.

Venons-en à l’abreuvoir. Utilisez-vous toujours les augettes
en PVC accrochées au grillage ? Au début, c’est amusant de voir les
tourterelles à tour de rôle ou les deux ensembles venir faire un bain de pieds
et agiter les ailes pour un bain intégral. A la longue, ça peut être lassant
sans compter l’état du sol de la cage…

 

 

Abreuvoir pour les oiseaux, seule la partie basse est utilisée couramment. Il peut être utile de conserver la partie haute en cas de nécessité d’administrer un traitement ponctuel soluble aux tourterelles

J’ai repéré des abreuvoirs initialement destinés aux oiseaux proposés dans le commerce. J’ai simplement modifié légèrement leur usage. Ces abreuvoirs siphoïdes n’ont qu’un inconvénient : la taille de la réserve d’eau. J’ai donc décidé de remplacer cette réserve par une bouteille d’eau minérale de 2 litres que je remplis d’eau du robinet à laquelle j’incorpore 2 cuillères à soupe de vinaigre de cidre. Contrairement à ce que j’ai pu lire avec quelques fois des photos à l’appui montrant des os déformés à la suite d’un séjour dans le vinaigre, la présence de vinaigre de cidre dans l’eau n’a aucune incidence négative sur la conformation de la coquille ou sur la qualité des os des tourterelles. Le vinaigre dans l’eau agit simplement comme un désinfectant naturel et empêche son verdissement. La bouteille est accrochée à l’extérieur de la cage par un simple fil de fer de même que le bec qui supporte la bouteille et qui constitue la partie accessible de l’abreuvoir de l’intérieur de la cage.

 

 

L’encombrement de l’abreuvoir à l’intérieur de la cage est nul puisque la réserve d’eau est accrochée à l’extérieur

Parlons maintenant du sol de la cage. Réalisé en aggloméré
imputrescible, il est recouvert d’une couche de sable sec spécial pour fond de
cage distribué dans le commerce par Versele Laga. Il offre aux tourterelles une
surface sèche et contient les compléments alimentaires aux graines nécessaires
au développement des tourterelles. Je conseille cependant de rajouter de
l’argile cuite dénommée « redstone » du même distributeur.
L’ingestion d’argile permet, entre autres, 
une régulation de la consistance des fientes qui va dans le sens d’une
surface plus facile à entretenir. Par ailleurs, les fientes molles sont à
l’origine de la constitution de boulettes au niveau des ongles.

 

 

Sable pour fond de cage

 

 

Argile rouge « redstone »

Enfin, abordons le dernier point touchant à la conception de
la cage de reproduction et à son aménagement. Il s’agit de la porte et plus
particulièrement de sa taille. Une des nombreuses raisons qui rendent les cages
du commerce impropres à la reproduction de nos tourterelles tient à
l’impossibilité d’y introduire le mobilier indispensable à leur fonction. Les
portes de ces cages, d’ailleurs souvent trop nombreuses, sont ridiculement
petites. Cela tient évidemment  au souci
de limiter les éventuels envols intempestifs de leurs pensionnaires. Ce souci
est bien entendu sans fondement quand il s’agit de nos tourterelles puisqu’il
n’existe aucun oiseau plus calme ou davantage maîtrisable qu’elles. Le risque
qu’elles se précipitent brutalement vers la porte est tout simplement nul.
Forts de cette certitude, il ne faut pas hésiter à donner à nos cages des
portes permettant de travailler confortablement. Une porte de 25 cm X 25 cm garantit
le maniement sans difficultés de tout le mobilier intérieur ainsi que celui des
pensionnaires elles-mêmes.

 

 

Porte à guillotine pour une régulation de la taille de l’ouverture en fonction des tâches à accomplir à l’intérieur de la cage

Nous allons terminer avec l’entretien de la cage et les
soins à apporter à ses locataires.

Tout éleveur passionné rend visite au moins une fois par
jour à ses pensionnaires, de préférence le matin. Il s’agit là de l’attitude adaptée
quand l’éleveur est normalement présent chez lui. J’aborderai dans un prochain
article la façon de gérer ou de faire prendre en charge son élevage en période
d’absence d’une durée plus ou moins longue.

Que vous ayez une seule cage d’élevage ou un très grand
nombre à gérer, la démarche est identique. Arrivé face à la cage, vous vous
assurez que vos tourterelles vont bien. Une d’entre elles est alors sur le nid,
l’autre est sur le perchoir et la plupart du temps descend à votre approche.
Vous pouvez encourager cet accueil si vous prenez l’habitude de distribuer une
friandise à l’occasion de votre passage quotidien. La mie de pain constitue une
gourmandise de choix pour nos tourterelles au point que même celles qui couvent
ou protègent de jeunes sujets n’hésitent pas à quitter le nid. Ce comportement
est aussi un gage de bonne santé. Le fait qu’une tourterelle ainsi conditionnée
ne réagisse pas à votre approche doit alerter votre vigilance. En cas de
maladie identifiée, le traitement approprié doit être effectué sans attendre.
Plus la maladie est traitée rapidement, plus les chances de guérison sont
grandes. Concernant le pain,  vous devez
préalablement l’émietter si vous utilisez le pain perdu du repas. Vous pouvez
également acheter des tranches de pain de mie en sachet plus faciles à réduire
en miettes. Les tourterelles sont peu sensibles à la marque…

 

 

Pain de mie, une des marques les moins chères du marché

 

 

Pain de mie, une des marques les moins chères du marché

C’est aussi le moment de vérifier la fertilité des œufs
s’ils ont été pondus depuis au moins 5 jours. Pour un éleveur averti, le
constat peut être fait sans aucun accessoire. L’œuf a un aspect plombé lorsque
l’embryon se développe normalement. Dans le cas contraire, l’œuf est
translucide. En cas de doute, il suffit de poser l’œuf quelques secondes au
plus délicatement sur une lampe électrique. L’œuf ou les deux œufs inféconds
peuvent être détruits.

 

 

Une simple torche électrique permet de mirer les œufs

 

 

Oeuf non fécondé

 

 

Oeuf fécondé

Si l’éclosion est sur le pont d’intervenir, bris de la
coquille déjà entamé, je conseille de pulvériser délicatement de l’eau
distillée de manière à augmenter le taux d’humidité dans le but de faciliter
l’éclosion. Toute intervention autre que la pulvérisation d’eau est à pratiquer
avec la plus grande prudence.

 

 

Les rares vaporisateurs de faible contenance réutilisables se révèlent précieux

Parfois l’embryon meurt dans les derniers jours de son
développement ou au moment de l’éclosion. Enfin, dans le cas où un des jeunes
sujets ou les deux sont morts, il convient de les retirer, de changer tout le
contenu du nid et de le passer à la flamme d’une lampe à souder avant de le
remplir à nouveau de paille bien tassée. Ces accidents doivent être notés de
façon à traiter éventuellement les reproducteurs contre la salmonellose en cas
de récidive. Après traitement contre la salmonellose, si le problème persiste,
il convient de modifier le couple. Souvent chacun des partenaires, accouplé autrement,
connaîtra une prolificité normale. Après avoir passé en revue les occupants, il
est temps de vérifier l’environnement. La bouteille d’eau est à remplacer si
elle est vide. Le support est à désinfecter avant réutilisation. La mangeoire
est à remplir à nouveau quand il ne reste que des graines de la même sorte.
Enfin le sol doit être ratissé pour retirer les fientes sèches. Eventuellement,
il y a lieu de rajouter un peu de sable propre et sec en
surface. Par temps humide, il est impératif de vérifier l’état des ongles des
tourterelles.

 

 

Pince d’électricien adaptée pour retirer les boulettes sans dommages pour les ongles

Relativement longs, ils servent de support à la constitution
de boulettes à partir des fientes humides. Outre la gêne qu’elles occasionnent
à la tourterelle pour marcher, elles provoquent souvent des accidents sur les
jeunes sujets qui sont encore au nid. Pour les réchauffer, la tourterelle les
place sur ses pattes et les met au contact de sa peau dénudée de chaque côté du
bréchet. Quand elle se lève, le jeune sujet peut rester accroché ou être entraîné
par la ou les boulettes. Ainsi, il n’est pas rare de trouver un sujet hors du
nid. Même apparemment sans vie, il faut alors tenter de le réchauffer à l’aide
d’un sèche-cheveux. Il faut être patient. Parfois plusieurs minutes sont
nécessaires avant l’apparition des premiers signes de retour à la vie. Ils se
manifestent par de longs mouvements d’ouverture du bec et la réactivation des
battements cardiaques. L’envoi d’air à intervalles réguliers avec la bouche
dans les narines, pratiqué de manière très délicate, peut entrainer la
réactivation de la respiration. Pour éviter d’avoir à vous improviser
sauveteur, il y a lieu de surveiller l’apparition des boulettes. Une inspection
régulière des ongles s’impose. Les boulettes indésirables peuvent être écrasées
délicatement à l’aide d’une pince d’électricien à embout long et rond. De même,
il peut s’avérer utile de couper l’extrémité des ongles lorsqu’ils ne s’usent
pas naturellement.

 

 

Ciseaux à utiliser pour couper l’extrémité des ongles et parfois du bec

J’espère que la lecture de cet article vous sera utile pour
prendre encore davantage de plaisir à vous occuper de vos tourterelles. Il ne
s’agit pas d’un oiseau exigeant mais seuls des soins adaptés à ses  besoins spécifiques vous permettront
d’obtenir des résultats à la mesure de vos attentes.